La Discothèque Idéale
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LUMIERE ! / 09-02-2001

 
 L'homme, qui n'a, en matière de science, que quelques rares souvenirs est toujours troublé par le progrès scientifique. Quand cela remet en cause un des fondements les plus solides de la science, l'homme, est, cette fois, dans le noir complet, faute de lumière.

Deux équipes de scientifiques sont parvenues, de manière indépendante, à ralentir considérablement la lumière. Or, jusqu'alors, celle-ci croisait à 300 000 kilomètres par secondes. Encore plus fort, ces deux équipes, la Danoise Lene Vestegaard Hau et les Américains Ronald Walsworth et Mikhail Lukin, sont parvenus, sans se concerter, à faire respecter un véritable "stop" à la lumière, elle qui, d'ordinaire, n'en fait qu'à ses photons. L'homme, bouche bée, reste sans voix. C'est Albert qui doit se retourner encore sous le choc de la nouvelle.

L'homme, qui n'en a jamais été une (de lumière...) et surtout pas en physique, apprécie l'explication du physicien Eric Cornell:

"Imaginez que vous vous trouviez sur un quai de gare, et que vous attendiez le prochain TGV. Un rideau translucide traverse la voie. Soudain, le train entre en gare, et se dirige sur le rideau. Le train disparaît dans la minceur du rideau, puis, au bout d'un temps qui vous semble une éternité, le train réapparaît de l'autre côté du rideau et poursuit sa route à la vitesse qu'il avait en arrivant !"

Maintenant, remplacez le train par une impulsion laser, le rideau par un nuage d'atomes de sodium refroidis à une température proche du zéro absolu et le tour est joué. Le faisceau d'atomes est "piégé" dans le nuage d'atomes "gelés" pendant une milliseconde puis "régénérée" avant de sortir du phénomène.

Jusqu'où s'arrêteront-ils ? se demande l'homme juste avant de se demander à quoi tout cela va-t-il bien pouvoir servir?

Si ces expériences passionnent les physiciens, ce n'est pas juste pour la beauté de la chose, mais parce qu'elles démontrent qu'il est possible de transporter de l'information à l'aide la lumière et de la mémoriser.

La perspective, à terme, étant de réaliser un ordinateur quantique dans lequel les composants électroniques seraient remplacés par des atomes et des photons. But de l'opération ? Un gain de plusieurs ordres de grandeur en puissance et en vitesse de calcul.

Mais n'anticipons pas, au jour d'aujourd'hui, pour reprendre la métaphore ferroviaire, on récupère le train mais on ne sait rien de l'état des passagers : les informations. Bref, le voyage n'est pas terminé.

Il n'empêche, le train est en marche et peu de choses pourront l'arrêter. Est ce l'aube de la fin des puces et des composants électroniques ou les balbutiements d'une réelle application de la physique quantique ?

L'homme penchant pour la deuxième hypothèse ne minore pas pour autant le tournant que ces expériences pourraient augurer. On a ralenti la lumière, ce n'est pas une raison pour ne pas l'éteindre, faire de beaux rêves et se lever le matin en attendant de voir de quoi il sera fait.

 

 

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