La Discothèque Idéale
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PUBLICITAIRES / 12-06-2000

 
 L'homme, quand il est levé, prend son auto, son vélo ou son métro et s'en va vers son travail.

Ce faisant, de-ci de-là, que cela soit à la radio, sur des panneaux prévus à cet effet ou dans sa presse quotidienne, il est soumis, de gré ou de force, à ce que l'on appelle vulgairement de la publicité.

Ces derniers temps, il avait déjà remarqué que l'on avait donné à une voiture le nom de Picasso. Cela ne l'avait pas fait rire. Il avait pensé songeur que bientôt une autre se nommerait César, prédestinée dés l'achat à faire une compression. Impatient, il avait pensé que, bientôt, surgirait le décapotable Jean Paul Sartre, avec phares qui éclairent de chaque coté de la route, strabisme oblige. Oui, déjà l'affaire Picasso l'avait laissé amer.

Voici maintenant qu'un grand groupe, lifting oblige, s'est trouvé comme nouveau nom Vinci. Vinci, rien de moins. Ceci dit après Picasso...

Au-delà de l'outrecuidance de prétendre ainsi se nommer quand on fabrique entre autres des autoroutes, le spot TV qui accompagne ce lancement nous rappelle à nous, imbéciles que nous sommes, béotiens incultes, l'origine du nom en nous montrant la Joconde. Et, pire que tout, de nous faire l'exercice en nous flattant avec humour.

Ce n'est plus une ficelle, c'est un câble.

Non, Vinci n'a pas inventé la catapulte, l'hélicoptère, l'anatomie et peint la Joconde. Non, il construit de très belles autoroutes pour éviter les embouteillages, et bien d'autres choses fondamentales encore. Bref, du progrès, de l'avancée technologique, du bien et du bon et du beau. Tout ça pour qui ?

Pour l'homme, bien entendu. Qu'est ce qu'on dit ?

L'homme de la rue, que les publicitaires appellent entre eux Madame Michu ou la ménagère de 50 ans, n'a jamais été et ne sera jamais aussi bête que les publicitaires se plaisent à le croire.

L'homme soupire, et se dit qu'il serait peut-être temps que les clients, puisque les publicitaires semblent incurables, admettent que les consommateurs ne sont pas plus bêtes qu'eux.

Et qu'ils se rappellent que Vinci s'appelle Léonard, que Picasso était un peintre et Robert Doisneau un grand photographe et non un fabricant de voiture. Avant qu'un jour un enfant demande à l'homme qui est le monsieur qui s'appelle comme une voiture.

Bien sûr, tout ceci n'empêchera ni le jour, ni l'homme de se lever. Peut-être que cela amènera un jour des hommes et des femmes à boycotter ces produits derrière lesquels se cachent des clients et des publicitaires qui les prennent pour bien plus cons qu'ils ne seront jamais.

Et l'homme de penser au regretté Audiard qui avait cette réplique célèbre :

"Je ne parle pas aux cons, cela les instruit".

 

 

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