La Discothèque Idéale
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Pin Pon / 13-07-2000

 
 Il est des sirènes qu'il est bon d'entendre avant qu'il ne soit trop tard. Celles que tirent les pompiers ces derniers jours doivent, quoi qu'on en pense, être entendues.

Pour bien comprendre le cœur du conflit, il convient de rappeler ici qu'il existe trois statuts différents en France pour ce seul et même métier :

  • Les sapeurs pompiers professionnels, titulaires de la fonction publique. (23 000)
  • Les pompiers auxiliaires (200 000). Ils ne travaillent pas à temps plein et prête main forte aux titulaires. Ce système est issu d'une vieille tradition qui voulait que, dans chaque commune, des villageois se chargent eux-mêmes d'éteindrent les incendies.
  • Les militaires. Deux villes sont protégées du feu par des militaires : Paris (ainsi que les départements des hauts de seine, de la Seine-Saint-Denis et du val de marne) et Marseille où c'est la marine nationale qui est chargée de cette mission depuis 1939.

Chez tous ces pompiers, la colère gronde et ne se calme pas, attisée aux rythmes des décès.

Pierre Julien 22 ans, Olivier Leclerc 37 ans tués samedi dernier dans les Bouches-du-Rhône par un retour de flamme et Anthony Bodry 24 ans morts par l'explosion d'une canalisation dans le XII émes à Paris.

Ce 12 juillet, on enterrera deux pompiers à nouveau morts au feu à Cornillon.

Christophe, 25 ans, pompier volontaire dans les Bouches-du-Rhône accuse la perte de ces deux pompiers.

"Les pompiers sont pour moi comme une deuxième famille, c'est comme si j'avais perdu deux frères..."

Pourtant le choix de Christophe ne changera pas. Depuis 11 ans, sans jamais prendre de vacances, il effectue des missions et des interventions pendant tous ses week-ends et ses jours de repos. Le tout en contact permanent avec les sapeurs pompiers.

Que peut bien penser ou écrire l'homme ? Respect. Et courage. Courage de ces hommes que l'on pourrait croire échappé de livres d'aventures et qui ont la sincérité et la simplicité pour tout bagage.

Quel est le problème alors ? Comment peut-il y avoir problème ? Le problème est simple mais incroyable. Ces pompiers veulent être reconnus "profession à risques".

L'homme ouvre grand les yeux, les oreilles et la bouche. Ne le sont-ils pas déjà ? obligatoirement bien évidemment ? Et bien, non.

Alain Brissiaud, secrétaire général de l'union syndicale des sapeurs pompiers explique :

" 14 pompiers sont morts cette année, chaque année c'est une vingtaine qui meurent. Cela fait des années que l'on demande à être reconnus "profession à risques". Un classement qui nous autoriserait à partir à la retraite dés 50 ans et qui permettrait de réduire le nombre d'accidents puisque les statistiques prouvent que ce sont les pompiers d'un certain age qui sont les premières victimes. Mais nous sommes face à un ministre de l'intérieur irresponsable".

Jean-Pierre Chevènement, dont nous avons parlé ici il n'y a pas longtemps, refuse donc de considérer le métier de pompier comme une profession à risques.

L'homme secoue la tête devant tant d'absurdité. Si pompier n'est pas profession à risques, alors laquelle ?

Si le métier de pompier était une promenade de santé, cela se saurait, même au ministère de l'intérieur. Tout le monde sait bien que c'est un métier dangereux ou à risques si l'on veut jouer sur les mots. Tout le monde sauf M. Chevènement.

Alain Brissiaud poursuit :

"Au -delà de l'aspect financier, le refus de nous classer en catégorie "dangereuse et insalubre" pose problème psychologiquement. On ne veut pas reconnaître notre métier"

Drôle d'époque où l'on ne vaut pas reconnaître celui qui prend des risques pour protéger et défendre. Une époque où l'on feint d'ignorer qu'il faut bien du courage pour être et rester pompier et que cela représente sa part de risque.

L'homme pense à l'enfant qui rêve d'être pompier en souriant. Pourquoi ? Parce que glorieux. Pourquoi ? Par ce que c'est dangereux.

M. Chevènement n'a peut-être pas été enfant ou alors, et c'est pire, il l'a oublié.

L'homme aura une pensée pour ces hommes qui chaque matin se lèvent pour défendre et protéger leurs prochains et à qui l'on refuse ce qui ne peut se refuser : la preuve de leur courage.

 

 

 

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