La Discothèque Idéale
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FIÈVRES / 26-04-2001

 
 Un des avantages incontestable de la démocratie est que l'on peut y débattre de tout. Un des inconvénients incontestable de la démocratie est que l'on peut y débattre de tout.

Ainsi, l'homme est-il tombé en arrêt, pantois devant un article intitulé "Mépris du vivant et négation de la souffrance". Deux colonnes dans les pages "débats horizon" du quotidien Le Monde.

Robert Dantzer, vétérinaire, directeur de recherches à l'INRA, expert au comité scientifique de la santé animale et de la protection animale de la protection européenne,

Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue et ingénieur à l'EHESS, et Emmanuelle Wollman, chercheuse au CNRS, signent ces deux colonnes.

Qu'y a-il d'écrit en substance et en résumé ?

L'homme cite :

"Par le dégoût qu'elles inspirent, les images de l'épizootie de fièvre aphteuse, abondamment relayées par les médias, sont destinées à demeurer longtemps encore dans nos mémoires. Mais d'où vient ce dégoût que nous ressentons ? À quoi renvoient ces images ?"

Un peu plus loin :

"Les animaux d'élevages paraissent condamnés à être les martyrs sans voix des errements d'une agriculture dévoyée"

C'est bien ce que l'on lisait déjà précédemment entre les lignes. Tout cela sent le Bardot à plein nez et l'on est tranquillement en train d'assimiler les animaux à des personnes. Rien que ça.

L'homme, s'il n'a rien contre les vaches et les moutons, n'est tout de même pas prêt à accepter la comparaison. Surtout pas dans une page débat horizon d'un journal comme Le Monde. Mais le pire est à venir comme souvent dans ce genre d'articles.

"L'éthique de Kant, qui subordonne l'animal à l'intérêt de l'homme, au travers de leur différence de statut reste encore la référence commode dans les débats moraux. Pourtant, conférer à l'animal le statut d'être sensible revient à lui faire partager une communauté morale avec l'homme, due en particulier à sa capacité de ressentir le plaisir et la souffrance. Dès lors;  le principe moral d'égalité de considération des intérêts doit s'appliquer aux animaux comme aux hommes. Cela rend la discrimination entre l'homme et l'animal analogue, sans son principe, à une discrimination basée sur la race et le sexe."

Ça y est. Tout est dit et le mal est fait. Ainsi, en moins de deux colonnes, ces trois chercheurs, ingénieurs et anthropologues, viennent de nous démontrer par des raccourcis et des amalgames dignes d'un leader d'extrême droite, dieu merci aujourd'hui tombé dans l'oubli, que ma femme est une chèvre, ou une vache, c'est selon.

Ben voyons !

Le débat vole bas et la confusion règne à tous les étages. Au risque de choquer les lecteurs les plus sensibles et les plus attachés aux animaux, l'homme ne se sent aucune "communauté morale " avec une vache et le premier qui traite son frère de bovidé risque bien de se prendre un coup de boule.

Hélas, trois fois hélas et c'est d'autant plus dommageable, cela se passe dans Le Monde qui est un journal relativement sérieux. C'est sous prétexte de débats que des thèses très fumeuses sont avancées comme des principes quasi- scientifiques. On mélange tout après avoir tout mélangé dans tous les sens. Histoire de paraître moins bête qu'une vache sûrement.

L'homme ne peut résister à la colère de lire la fin de cet article :

"Sachant que la fièvre aphteuse ne menace pas la santé de l'homme, on ne peut s'empêcher de se demander, à la lumière des bûchers de nos campagnes, si une société capable de mépriser autant le vivant ne sera pas à même de décréter, le moment venu, l'élimination d'autres êtres vivants, jeune "caillera" (racaille en verlan), porteuse enfiévrée du virus de la violence, vieillards porteurs sains de l'évidence mortelle, grands pauvres, malades de l'inégalité, dont la seule présence contamine le corps social par la misère du monde."

N'en jetez plus, la coupe est pleine !

Bien sûr, tout est si clair, la violence est un virus attrapé par les jeunes sauvageons des banlieues, les vieux portent la mort et les pauvres contaminent le monde avec leur misère. Et le chien n'est plus le meilleur ami de l'homme mais son frère, son semblable.

J'en parlerai à mon cheval....

Soupirs de l'homme. Décidément, les torchons et les serviettes ne sont rangés ni au CNRS, ni à l'EHESS, ni à l'INRA. Ce n'est pas parce que l'on est chercheur que l'on a le droit d'écrire autant de bêtises et de propos stupides.

Deux chroniques de suite, l'homme se dit que finalement, il est bien content de ne pas avoir poussé plus loin ses études, cela n'a pas l'air, ces derniers temps, de rendre bien intelligent. De là à penser que certains diplômés sont tout simplement bêtes...(mais non, pas vous les vaches...)

Sur ce, l'homme prend congé (bien méritées !).

Ce qui est toujours une bonne raison de se lever le matin !

 

 

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