La Discothèque Idéale
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TOUSSAINT / 01-11-2000

 
 Le 1er novembre, l'homme veille ses morts. Il les visite d'un bond ou d'une pensée. Les cimetières font salle comble, les tombeaux et autres sépultures se sentent moins seuls. Une soudaine et brève affluence.

Pourtant, contrairement à ce que l'homme pourrait croire, les morts ne se sentent pas si seuls, bien au contraire.

Faute de places, ces jours-ci, il est bien difficile de se faire enterrer dans Paris.

3 ans d'attente pour une sépulture à Montparnasse. Les 420 hectares de cimetières de la capitale ne suffisent plus à répondre à la demande. Une concession perpétuelle de deux mètres carrés à Passy ? 66 000 francs. La même chose à Montparnasse : 38 000 francs. Décidément, mourir n'est pas à la portée de toutes les bourses.

Le Père-Lachaise, lui, a de plus en plus à voir avec un musée tant les visiteurs aiment à y venir flâner comme l'on se promènerait dans un parc au détour de la tombe d'untel ou d'un autre.

Dans ce cimetière en partie "classé", 80 % des tombes sont bloquées pour préserver le caractère culturel et patrimonial. Ce qui, convenons-en, ne facilite pas l'accès aux nouveaux venus.

À Montparnasse, neuf sépultures sur dix tombent à l'abandon au bout de 100 ans, mais seuls 30 % sont remises à la vente. "Les autres resteront en l'état pour préserver l'esprit du lieu" indique la conservatrice. L'esprit d'un cimetière ? Allons bon, si les cimetières se mettent à avoir de l'esprit…Sûrement de l'humour noir.

Ainsi se dit l'homme, il était déjà difficile de vivre à Paris, il devient maintenant quasi impossible d'y mourir. Décidément tout augmente...

Songeur, l'homme finit par se dire que, puisqu'il n'y a plus de place pour se faire mettre en terre, autant ne pas se presser de mourir. Attendons notre tour, il viendra toujours trop tôt, et narguons la Camarde en nous levant chaque matin. À Paris ou ailleurs d'ailleurs.

 

 

 

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