Ce qui dépend de nous

Le sage Epictète nous l'a dit, il y a bien longtemps déjà : "Attachons nous à distinguer ce qui dépend de nous de ce qui n'en dépend pas."

Certes, certes, se dit l'homme de la rue qui est souvent moins bête qu'on ne le dit. Mais qu'est ce qui dépend de moi ? L'homme en question, qui lit la presse comme vous et moi, se sent un peu dépassé par les événements. Et quand ce ne sont pas les événements eux-mêmes qui décident (la nature s'est rappelé dernièrement à notre bon souvenir), ce sont les groupes de pression. Les groupes de pression dont on ne sait presque rien, si ce n'est qu'ils sont nombreux, puissants et assez souvent d'accord entre eux. À leur tête, en fier représentant, nous avons vu L'OMC à Seattle. Organisation Mondiale du Commerce, rien que le nom peut effrayer. L'OMC qui déclare pêle-mêle qu'interdire le commerce avec les dictatures est une entrave au libre-échange, qu'on ne peut interdire un produit ou une substance que s'il est prouvé qu'elle est nocive (une fois que mal est fait), qu'empêcher le travail des enfants est encore une entrave au libre-échange. Autant de pratiques qui donnent un blouson GAP à 150$ dont le prix de revient est de 3$ fabriqué par le tiers-monde. On apprend aussi que même les étiquettes marquées Made in USA sont faites au Salvador. L'OMC qui, sous la pression du lobby des entreprises pharmaceutiques, interdit l'accès aux médicaments génériques moins chers pour le tiers-monde…..Entrave au libre-échange, je suppose ? L'OMC, et cela en serait presque poétique si ce n'était vrai, qui considère que les lois sur la protection des espèces et de l'air sont…une entrave au commerce.

Et l'homme repensant la maxime d'Epictète s'attache à distinguer dans tout ce fatras ce qui dépend de lui de ce qui n'en dépend pas.

Et l'homme, et on le comprend, de se sentir petit, tout petit. Jusqu'à ce que lui revienne à l'esprit que quelquefois un seul homme, une seule femme suffisent pour que tout dépende d'eux. C'est les 2000 jours de prison de Gandhi, c'est le refus de Rosa Park d'aller s'asseoir à l'arrière des bus américains. C'est vous, c'est moi, c'est l'homme si demain il décide que tout cela dépend désormais de lui.