La Discothèque Idéale
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AMERICAN SKIN / 17-06-2000

 
 L'homme, qui avait déjà entendu parler du fait divers tragique qui avait coûté la vie à Amalou Diolla le 4 février dernier, se voit obligé d'y repenser. Amalou Diolla est abattu de 41 balles par quatre policiers dans le Bronx alors qu'il tentait de sortir son portefeuille. Les quatre policiers, qui déclarent avoir cru qu'il allait sortir un revolver, furent acquittés.

Ce lundi 9 juin, au Madison Square Garden, un homme a chanté une nouvelle chanson intitulée "American skin 41 shots" malgré les menaces et la colère du syndicat des policiers new yorkais.

Cet homme s'appelle Bruce Springsteen et "American skin" a été acclamé par son public new yorkais qui ne l'avait pas vu depuis 12 ans. Les paroles sont explicites et exemplaires :

Is it a gun?/ is it a knife?/ is it a wallet?/ this is your life/ it ain't no secret my friend/ you can get killed just for living in your american skin/

Est ce un flingue?/ est ce un couteau?/ est ce un portefeuille?/ c'est ta vie/ ce n'est pas un secret mon ami/ tu peux être tué juste parce que tu vis dans ta peau d'américain/

Patrick Lynch, président de la Patrolemen's Benevolent Association, a appelé dans une lettre publique, les policiers à ne pas assurer la sécurité des 10 concerts de celui que l'on surnomme le Boss.

Mr Lynch, qui n'a pas entendu la chanson, estime que celle-ci ne peut que "rouvrir de vielles blessures".

Sûrement pas celle d'Amadou, il est mort. Quant aux policiers, ils vont bien merci.

L'homme n'en croit pas ses oreilles et salue de son humble plume le courage et le talent de M. Bruce Springsteen.

Et de se rappeler que déjà, en 1984, la sortie de l'album "Born in the usa" avait déclenché une polémique. Les uns voyant sur la pochette Springsteen uriner sur le drapeau américain, les autres ayant compris les paroles, qui parlent du désespoir d'un vétéran du Vietnam, l'avait accusé d'antiaméricanisme. Les démocrates avaient tenté de récupérer ce titre pour en faire un hymne nationaliste et certains imbéciles, faute d'avoir lu les paroles et de les avoir comprises, avaient crû que c'était un hymne à la gloire de l'Amérique.

En mai 1974, au sortir d'un des concerts mythique de Springsteen, le critique de rock John Landau avait titré dans Rolling Stones "j'ai vu le futur du rock et il s'appelle Bruce Springsteen".

Futur du rock ou futur de l'homme, il y a du courage à rouvrir d'anciennes blessures quand celles-ci n'ont jamais été cicatrisées et restent béantes. La mort d'amadou Dialla et l'acquittement de 4 policiers qui l'ont tué résonnent encore du silence de l'injustice.

Et l'injustice, qu'elle soit de l'autre coté de l'Atlantique ou de ce coté ci, est une bonne raison de se lever le matin. Pour essayer, humblement, chacun à son niveau, de la réparer.

Et l'homme d'arrêter de marcher sur les plates-bandes musicales de joelemerou.

 

 

 

 

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