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Glissant sauvetage / 17-08-2000

 
 Glissant sauvetage 17 08

Il est des hommes qui sauvent des vies, d'autres des âmes, certains sauvent des arbres ou les cotes mazoutées. Plus rare est l'homme qui sauve les savons. De Marseille, qui plus est. Sujet glissant s'il en est, l'homme se penchera aujourd'hui sur l'homme qui sauva le savon de Marseille. Il en faut, il en fut.

25 000 litres d'une mixture verdâtre d'huile d'olive et de soude qui n'en finissent pas de bouillonner sous l'œil vigilant d'un ouvrier en bleu de travail. "Le savon, cela se surveille comme le lait sur le feu" explique Laurent Bousquet, jeune patron de la compagnie du savon de Marseille. Cet aveyronnais de 29 ans débarque en 1990 à la gare Saint Charles pour y faire des études de chimie. Il débute à la compagnie des savons de Marseille comme simple stagiaire. À l'époque, l'usine qui fut l'une des plus grosses savonneries marseillaise où naquit le célèbre savon Le Chat, a tout d'une coquille vide, après plus de 10 ans de rachat et de délocalisation.

La machine à laver et les détergents ont eu la peau du carré de 400 grammes de la cité Phocéenne.

De l'Asie arrivent des savons à l'huile de palme qu'il n'y a plus qu'à mettre en boîte à des prix défiants toute concurrence.

C'est à son passé que doit le savon devra son salut. La tradition. Laurent Bousquet se met à la recherche de la formule, de la fameuse recette initiale. C'est un vieil homme qui détient le savoir faire. Les sept chaudrons à savon, cylindres en briques d'une demi-douzaine de mètres de haut, datant de 1870 sont remis en état et c'est reparti.

Gros bloc de 400 grammes à l'huile d'olive garanti 72 % de matières grasses, le fameux savon de Marseille est toujours aussi peu pratique. Mais il fait "vrai". Et la mode est au vrai, grâce aux hommes de marketing et de publicité, qui n'en finissent pas de réinventer la roue. Le retour au vrai, à l'authenticité est à la mode et le savon tombe pile.

Le gros savon de Marseille, pur végétal, sans colorant, est illico estampillé " Ecolo" et se retrouve vendu au rayon bio, diététique et de luxe. Les premiers résultats positifs arrivent en 1999.

Marseille peut dormir en paix, son savon est toujours là. L'homme peut, lui, se continuer à se lever le matin, a condition, bien sur, de prendre soin de ne pas poser le pied sur cet objet, désormais mythique.

 

 

 

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