Cabine

En plein désert Mojave, à la frontière du Nevada et de la Californie, au milieu de nulle part, comme on dit là-bas, est une cabine.

Propriété de la compagnie Pacific Bell, c'est une cabine téléphonique isolée, esseulée.

Installée à la fin des années 60 au plus prés d'une mine d'où l'on extrayait de la roche volcanique, cette cabine est située à 5 km du chantier et à 25 km du premier village.

Depuis l'exploitation a fermé et la cabine est restée.

En 1977, un randonneur la découvre sur une carte d'Etat Major et part à sa recherche. Il la trouve et raconte son aventure dans "Wig Out" un magazine underground. Le mythe de la "loniest phone on earth" est lancé.

Aujourd'hui, plusieurs sites Internet lui sont consacrés avec des photos de l'endroit, de la fameuse cabine avec son numéro d'appel, le 001-760-733-9969 et des slogans dont les plus célèbres : "Si vous entendez sonner cette cabine, décrochez, c'est moi" ou encore "Appelez, appelez sans cesse et alors, ils répondront".

Chuck Atkins et Steve Amoya tentent, eux aussi, d'appeler pendant des jours et des nuits…En vain, la cabine sonne occupée. Ils sont convaincus que le combiné est décroché. Ils traversent le pays pour découvrir que la ligne est provisoirement en dérangement.

C'est une cabine de téléphone, un petit spot, un bout d'humanité en plein désert. Un endroit paumé où les gens, hommes et femmes viennent passer une journée ou trois mois pour prendre le relais. Pour répondre, juste pour répondre, et être là. Les appels viennent du Mexique, d'Honolulu, du Caire ou de Finlande et l'Homme se relaye pour "décrocher".

Et quand la cabine sonne, il y a quelqu'un, toujours, qui décroche. Parce que, de l'autre coté, il y a une femme, une âme, un homme qui peut-être a besoin d'entendre "allô ?". Juste ce petit mot qui suffit quelquefois à se dire que la vie vaut la peine de se lever.