La Discothèque Idéale
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Et m... / 02-02-2001

 
 L'homme, après s'être levé le matin, doit, bien avant d'affronter la jungle des voitures, déjouer et esquiver les piéges semés çà et là sur les trottoirs de la capitale. Une sorte de parcours du combattant : 16 tonnes par jour, 5376 tonnes par an, soit une facture d'environ 60 millions par an. Bref, une bonne surprise sous la chaussure de tout un chacun, que cela soit la gauche ou la droite.

Disons le tout de go, les déjections canines exaspèrent l'homme et les Français. Selon la Sofres, qui nous dit tout haut ce que l'on pense tout bas, 88 % des Français jugent les propriétaires de chiens inciviques. Le Sénat tient ces jours-ci un débat sur la place du chien dans la ville. Un collège d'expert et d'élus qui plancheront sur la très sérieuse question suivante : En 2001, quelle place pour le chien citoyen ?

Le chien citoyen ?! L'homme se dit que, décidément, les élections se rapprochent.

Il faut dire que le chien n'est pas une mince affaire chez les Français : pour 83 % d'entre eux, c'est le meilleur ami de l'homme. (L'homme qui était persuadé que c'était le cheval est bien déçu) et 76 % le considèrent comme un membre à part entière de la famille. (Ce qui laisse de belles heures devant elle à la Psychanalyse). Alors bien sûr, le chien citoyen.

Ben voyons. Pour les étrangers à régulariser, cela se discute, pour les homosexuels à pacser, cela fait pleurer les Madames Boutins et j'en passe mais pour le chien: citoyen. L'homme se met à penser à son fondement et se demande si c'est du poulet. Cette histoire de chien citoyen, il faudrait demander ce qu'en pense la mère du dernier petit enfant qui s'est fait agresser à coups de canine par un citoyen, pardon, par un chien. Et puis, vous trouvez cela citoyen, vous, de faire vos besoins dehors ? Mais ne nous égarons pas, le chien n'y est pour rien. D'abord, il n'a rien demandé. Le problème, ce n'est pas cet animal à quatre pattes, c'est son propriétaire qui a deux pattes et guère plus de neurones.

Pourtant, l'écrasante majorité (y compris donc les propriétaires....) se prononcent pour une verbalisation systématique. À 1 000 F l'amende, peu d'entre eux font, hélas, l'expérience de cette sanction. À Paris, 2 000 verbalisations dans l'année sur 200 000 propriétaires de chiens. Il vaut mieux avoir un chien qu'une voiture, en ce qui concerne les PV en tout cas. Faute de sanctions systématiques comme en Suisse, d'un déploiement massif de distributeurs de sacs et d'espaces réservés comme aux Pays-Bas ou de sens civique et hygiénique généralisé comme au Japon, Paris la Capitale Lumière ne sent pas très propre.

Et ce, malgré nos martiens parisiens, nos petits hommes verts, nos 80 trottin' net qui arpentent les pavés soir et matins.

L'homme, qui n'a spontanément rien contre les chiens, ne se sent (c'est le cas de le dire) pas moins concerné pour autant. Mais avant que le Sénat, noble institution, se demande quelle est la place du chien citoyen il serait bon que le propriétaire se pose la même question. Ce n'est pas au chien d'être citoyen mais à son maître et en citoyen d'être responsable, responsable des exactions violentes quand un chien en vient à être agressif, responsables des excréments quand tel est le cas.

À 1 000 f l'amende, si les contractuelles mettaient autant d'applications à verbaliser cette infraction que les stationnements, Paris serait sûrement plus propre, et les propriétaires de chien plus attentifs.

Et l'homme, sur la route des pavés qui le mène au travail, pourrait enfin marcher sereinement la tête en l'air après s'être levé le matin.

 

 

 

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