La Discothèque Idéale
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UN PETIT TOUR... / 19-01-2002

 
 Bien devant les guerres, les inondations et autres éruptions naturelles, l'homme n'aura, ces derniers jours, jamais autant entendu parler de la plus belle invention de l'homme après la clef de douze : la roue.

Il ne s'agit pas ici de parler de ces vulgaires roues sur lesquelles repose nos moyens de transport, du vélo à l'automobile mais de celle que l'on appelle, dans la capitale, La Grande Roue. Bigre se dit l'homme, toujours impressionné par les majuscules, de quoi s'agit-il ? Renseignements pris, l'homme découvre bouche bée qu'il est ici question de cette attraction de fête foraine qu'une erreur a posé Place de la Concorde au lieu de la fête à neu-neu ou de la foire du trône.

L'homme s'était déjà plusieurs fois demandé ce que l'on attendait pour démonter cette horreur clignotante. Objet de discorde Place de la Concorde, il fut donc demandé à son propriétaire M. Marcel Campion d'aller faire un tour ailleurs. Le 11 janvier, le tribunal de grande instance enjoint le dit propriétaire de déménager la roue dans les 48 H. sous peine d'une amende de 15 OOO Euros pas jour. Lundi 14 janvier, 400 forains ont manifesté pour défendre "leur symbole de la fête".

L'homme n'a rien contre les fêtes, mais quitte à choisir un symbole, on ne peut pas choisir moins laid que cette horreur qui tourne ? Et puis un symbole de la fête est-il à sa place, c'est le cas de l'écrire, Place de la Concorde, endroit, où si les souvenirs de l'homme sont bons, les têtes tombaient plus que de raisons dans des époques troublées. Ces forains quand même, ça s'amuse d'un rien.

Il a donc fallu que le Maire de Paris, lui-même, aille parlementer avec le dit M. Campion pour lui proposer des lieus de remplacement où remonter et faire tourner sa roue et sa caisse. Curieux qu'un homme condamné puisse à sa guise décider de laisser tourner la montre et les affaires tant que l'on n'aura pas trouvé de solution le satisfaisant. Les huissiers et autres juges devraient en prendre de la graine. L'homme ne saurait que trop conseiller les familles saisies sur mobilier ou menacées d'expropriation de faire de même : demandez au Maire de Paris de venir discuter le bout de gras avec vous et rejetez toute décision de justice. Il faut dire que M. Campion a de quoi se croire au-dessus de la justice vue la hauteur de son immonde manége...

Mais M. Campion n'est pas né de la dernière pluie. Il va jusqu'à décider d'ouvrir sa grande roue gratuitement un dimanche à tout le monde, et instaure, comble de l'hypocrisie et du cynisme, une journée où tous les bénéfices iraient à la recherche contre cancer.

L'homme se rappelle encore de ce genre d'individu qui se consacre à la recherche contre le cancer et dont on découvre plus tard que l'argent des généreux donateurs a servi à faire construire une piscine.

Sans vouloir mettre des bâtons dans les roues de ce M. Campion, on vit quand même une époque formidable : Il suffit de défigurer une des plus célèbres places de Paris avec une gigantesque guirlande pour bloquer du même coup tous les rouages de la justice.

Tout ça ne tourne pas rond quand même se dit l'homme. La semaine dernière, la quatrième chambre de la cour d'appel de Lyon a condamné Agnès B., la jeune mère qui avait piqué dans un supermarché à la veille de Noël, à six mois de prison avec sursis et cinq ans d'interdiction de ses droits civiques.

Mais il faut dire que Agnès B. vit du RMI et des allocations familiales, dans une caravane entre le périphérique et une usine d'incinération. Rien à voir avec la Place de la Concorde.

L'Homme a mis des millions d'années à inventer la roue, espérons que M. Campion mettra moins de temps à démonter la sienne. La fête a assez duré.

Se promener à pied ou en voiture, dans Paris, ville des lumières, et découvrir, de nouveau, la Place de la Concorde enfin débarrassée de cette roue de la fortune, voilà une bonne raison de se lever le matin.

 

 

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