Bourbaki

M. Bourbaki a 65 ans, il a révolutionné les mathématiques modernes et n'a jamais existé.

En 1935, l'Académie des sciences publie une savante communication de M. Nicolas Bourbaki "ancien professeur à l'université royale de besse-en-poldavie".

C'est une consécration et une joie pour les "papas" de M. Bourbaki : Weil, Carton, Possel, Dieudonné, Chavallan... Que des futurs grands noms des mathématiques modernes, tous élèves de Normale sup. qui s'ennuient de l'immobilité des mathématiques, notamment d'un certain Edouart Goursat dont le cours d'analyse demeure inchangé depuis 1902.

Bourbaki et ses nombreux "papas" proposent donc un nouveau traité d'analyse dans lequel les mathématiques seront totalement remises à plat. L'éditeur Herman accepte et le premier dossier d'éléments de mathématique signé Bourbaki sort, en 1939, avec quatre ans de retard. Le dernier date de 1998, nous en sommes à 7000 pages et ce n'est pas fini.

Le vieux Nicolas s'essouffle et ses " pères " sont toujours tenus secrets...40 membres depuis 1935, avec une moyenne de 12 titulaires qui ont, du haut de leurs anonymats, révolutionné les mathématiques, influencé la création littéraire et artistique via Raymond Queneau, pesé sur le structuralisme et sur l'abstraction et participé à des travaux de Claude Lévi-Strauss.

Tout ça par ennui.... L'homme qui sait, hélas, trop souvent ce qu'ennui veut dire, sourit de cette petite histoire. Partie comme une blague de potache, la légende de Bourbaki restera bien plus importante que son homonyme, Général du deuxième empire qui ratera tout même son suicide.

"Quand la légende est plus belle que la réalité, on imprime la légende" Pense l'homme en se rappelant "L'homme qui tua Liberty Valance".