La Discothèque Idéale
 Retour
 
 

RÉDEMPTION / 24-06-2000

 
 Oh je les entends déjà :

-"C'est facile pour lui…  On voit bien qu'il n'a pas d'enfant…  Laxisme intellectuel…  Ce n'est pas à lui que c'est arrivé."

Oui. Bien sûr. C'est vrai. L'homme, qui a un cœur même s'il n'a pas encore d'enfant, et une tête dont il essaie de se servir, pense ces derniers jours à Elisabeth Guiguou, garde des sceaux.

Celle-ci va, peut-être, dans les jours prochains se prononcer, sans y être obligé, sur la libération de Patrick Henry.

Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, comme l'aurait chanté Charles.

Le 17 février 1976, la France est en état de choc. Le, toujours aussi drôle, Roger Giquel ouvre son 20h par une phrase désormais célèbre : "La France a peur."

Petit rappel pour ceux qui n'étaient pas né: ce jour-là, on découvre qu'un jeune homme de 23 ans, Patrick Henry, a étranglé l'enfant de 7 ans qu'il avait kidnappé 15 jours plus tôt.

Quelques jours avant son arrestation, le même Patrick Henry déclarait "ceux qui ont fait ça mérite la peine de mort."

Car en 1976, la peine de mort existait encore en France.

En janvier 1977, devant la cour d'assise de Troyes, Robert Badinter, dénonce la barbarie de la guillotine et de la peine de mort.

Les jurés refuseront de prononcer la peine de mort, réclamée par l'opinion publique.

24 ans plus tard, Elisabeth Guigou a la possibilité de se prononcer pour la libération du détenu Patrick Henry, jugé apte à la réinsertion par les autorités judiciaires.

L'homme aura une pensée pour le garde des sceaux qui, prenant ou non une décision, prend, dans les deux cas, position sur une affaire des plus sensibles.

L'homme est et reste contre la peine de mort, acte barbare, indigne d'une démocratie qui se respecte.

Inutile d'essayer de se mettre à la place des parents de l'enfant, l'imagination de l'homme a ses limites et ce n'est pas le propos.

Mais l'homme, pessimiste par nature mais optimiste par devoir, ne peut s'empêcher de croire en l'homme. Et de se dire qu'il y a en chacun, même chez un assassin, la possibilité de rédemption, de rachat. Et que l'homme lui doit, ainsi qu'à tous les autres, la possibilité du pardon ou tout au moins le bénéfice d'une conversion possible.

Cette possibilité de se racheter moralement, c'est une des raisons fondamentales qui différencient l'homme de son ennemi le plus dangereux et le plus proche : la bête.

Et de prouver ainsi que l'homme n'est pas toujours un loup pour l'homme.

 

 

 

 

Haut