La Discothèque Idéale
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Utopie / 26-05-2000

 
 Utopistes de tous poils, après Seattle, voici venir Washington. En avril, à Seattle, les chiffres de 20 à 30 000 manifestants avaient constitué un succès étonnant. L'objectif était, cette fois, d'empêcher la réunion du FMI (fond monétaire international) et de la BM (banque mondiale) d'avoir lieu de la même façon (non violente) qu'à Seattle.

Mais même à la police, l'expérience a semble t-il servit de leçon.

La police de Washington, aidée de nombreuses forces de polices de l'état et même de la garde nationale des États Unis, était cette fois bien déterminée à empêcher que cela se reproduise.

Ce qui pourrait apparaître comme une utopie semble bien sérieux quand on voit les moyens mis en œuvre par les autorités pour y faire face.

Trois jours avant, la police perquisitionne un appartement et confisque les menottes prévues pour s'attacher les uns les autres et empêcher d'être séparés. La veille de la manifestation, la police ferme "le centre de ravitaillement" où les manifestants préparaient la manifestation.

La cause invoquée ? Non-respect des réglementations sur la protection des incendies" selon le chef de la police. Il n'y a pas de fumée sans feu parait-il...

Le même soir, la police arrête 600 personnes qui avaient défilées aux alentours du FMI (menottes, autobus, prison et jugement). Dans le lot, des badauds, des reporters, des photographes et des touristes.

A la date du 16 avril, la police établit un "périmètre de sécurité" interdit au public autour du FMI et de la BM mais il y eut assez de manifestants pour bloquer tous les carrefours avoisinants.

La police, par dépit, finit par affréter des autobus remplis de délégués qui passent les carrefours à coups de matraques et de gaz lacrymogènes. Le lendemain, le 17, c'est toute une partie de la ville qui est bloquée et les délégués sont transportés vers leurs réunions avant 5 h du matin pour éviter les manifestants.

L'homme sourit et se dit que la vie est belle lorsque l'on vit en utopie, ce pays imaginaire où un gouvernement idéal règne sur un peuple heureux.

Ainsi, grâce à ces habitants du pays d'utopie, beaucoup de citoyens américains regardent désormais la BM et le FMI avec soupçons. Et se demandent pourquoi ils continueraient à payer des institutions qui font chuter le niveau de vie dans le monde.

Le Washington Post a publié en 1ére page un article exposant comment les politiques de la BM ont ruiné les cultivateurs de riz en Haïti. Le New York Times a fait un éditorial sur l'action de la BM en faveur du démantèlement de l'industrie des noix de cajou au Mozambique. Quant au Times, il appelle désormais le FMI "Docteur Mort" pour ses bonnes actions en Tanzanie.

La Taxe Tobin, elle, n'est pas en reste. Elle est de plus en plus fréquemment citée comme une des mesures de contrôle des capitaux qui placerait l'économie mondiale vers une destinée plus "positive". Deux membres du congrès, Peter Defazion de la chambre des représentants et Paul Wellstone du Sénat, ont annoncé qu'ils voulaient présenter une résolution dans chacune des deux chambres en faveurs de la Taxe Tobin. Harlem Désir, membre du Parlement européen, et Yann Galup, membre du Parlement français, se sont également engagé en faveur de la Taxe Tobin.

Perdu en utopie, l'homme se dit qu'en France aussi, un jour, les journaux parleront de tout cela, un jour. Sûrement.

Que l'utopie soit avec tous ces rêveurs et que la lumière soit au bout du tunnel. Étrange et tenue frontière qui sépare utopie de réalité. Réalité ou il faut chaque matin se lever. Se lever toujours plus facilement lorsque l'on a passé la nuit au pays d'utopie.

 

 

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