La Discothèque Idéale
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De la faute / 28-06-2000

 
 L'homme, qui n'aime pas plus les bavures policières que la peine de mort, s'est déjà élevé contre ces coïncidences qui font que certaines personnes ont tendance, soit à se blesser, soit à mourir aux contacts de policiers ou de commissariats.

Jean Pierre Chevènement, Ministre de l'Intérieur, vient peut-être de trouver le principal coupable de ces bavures policières. En commandant à l'inspection générale de la police nationale une mission d'étude sur les rames dans la police nationale, le ministre de l'intérieur et son entourage voudrait bien nous faire comprendre que "c'est de la faute au revolver".

Ainsi le revolver Manurhin serait accusé de favoriser les bavures policières.

Le revolver Manurhin, qui équipe les policiers depuis 1982, a toujours une balle engagée dans le canon et est dépourvu de tous crans de sécurité. Il suffit d'une pression pour que le coup parte.

L'homme sourirait bien si ce n'était si grave. Il suffit d'une pression…Et la pression, elle vient d'ou? Atmosphérique, sans doute. Le pistolet, en revanche, doit être armé par un geste pour que le policier puisse faire feu.

C'est donc ça, se dit l'homme, qui n'a pas l'impression d'être pris pour un imbécile. Ce n'est donc pas de la faute des policiers. Ouf…. Nous voilà soulagés et les 24 morts avec.

De 1994 à 1999, 24 personnes ont trouvé la mort à la suite de l'usage régulier ou irrégulier de leurs armes à feu par des policiers.

Mais tout cela va changer, bien sûr.

La France est le dernier pays d'Europe à privilégier l'usage d'un revolver par ses policiers. L'homme se rappelle que les policiers New Yorkais, dont nous avons déjà ici chanté les louanges, sont depuis bien longtemps équipés de pistolets.

L'homme repense à ce policier qui a tiré dans le dos d'un homme qui s'enfuyait à la suite d'une altercation pour une cigarette.

L'homme trouve que M. Chevènement exagère un peu. Non, l'homme ne pense pas que le fond d'une bavure policière soit la nature de l'arme.

Peut-être y aurait-il une voie intéressante à explorer dans la formation des policiers?

A les entraîner aux tirs. À les entraîner à ne pas tirer aussi. Enfin, pas tout le temps. À faire face au stress et à la gestion d'une interpellation difficile. Mais c'est plus long et peut être plus coûteux. Et beaucoup moins simpliste que de dire que c'est la faute au revolver.

Cela serait moins facile que ce dernier effet de manche de M. Chevènement : Le revolver est mort, vive le pistolet.

Et puis ce n'est pas fait. La bavure a encore de beaux jours devant elle. Pistolet, revolver ou matraque. Raison de plus pour se lever le matin et l'accepter de moins en moins.

 

 

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