Deux mains et dix doigts

Quelques fois entre deux Davos, trois vagues de licenciements et la Tchétchénie apparaît comme par miracle une bonne nouvelle.

Denis Chatelier, 35 ans, a le sourire de ces jours meilleurs. Cet homme vient de se faire greffer deux mains par le Pr. Dubernard qui juge l'état du patient très satisfaisant. Le dit patient qui déclare : "cette opération m'a redonné le goût à la vie" et cet homme sait sûrement de quoi il parle.

Le goût à la vie, l'homme qui prononce cette phrase, l'avait perdu en même temps que ces deux mains déchiquetées par une fusée artisanale. Un homme qui n'avait jamais pu prendre ses deux enfants dans ses bras.

Au-delà de ce que cela représente pour la transplantation et la chirurgie réparatrice, c'est un goût à la vie qui résonne jusqu'à l'homme de la rue.

L'homme qui se dit que, finalement, il y a les guerres, les maladies, la faim et la peur et les goûts à la vie. Que cela soit comme ici, un progrès scientifique, un espoir nouveau ou une avancée des droits de l'homme, il y a d'ici delà des petites bulles qui pétillent toujours.

Et l'homme de se lever et de se dire qu'une des bonnes raisons de se lever chaque matin est peut-être aussi de chercher dans chaque journée ce "goût à la vie" qui est là, à un feu rouge, dans un sourire, une bonne nouvelle ou un rayon de soleil. Et de décider de rester "sur terre qui est, quelquefois si jolie."