BJORK

BJORK, " Homogenic ", 1997, Mothers Records.

Je vais vous parler d'une fée étrange… Son royaume est constitué de plaines glacées et de montagnes enneigées surplombées par des glaciers déserts.

Totalement décalée et pourtant pleinement inscrite dans notre temps, Bjork est une artiste majeure de notre époque avec Beck (avis personnel susceptible d'entraîner de nombreuses lettres d'insultes).

" If travel is searching and home what's been found ", cette superbe introduction que constitue " Hunter " tout en supra basses nous prévient que le voyage ne va pas être simple : beau sûrement, mais pas de tout repos.

Pour preuve, " Joga " nous parle de " paysages émotionnels " tout en violons et en cataclysmes électroniques. Mélange de chaud et de froid qui va traverser tout l'album.

" Unravel " est littéralement un rêve éveillé (comme souvent avec Bjork) traversé de voix superbes. " Bachelorette " nous prouve une fois de plus sa maîtrise des orchestrations (un piano menaçant contrebalancé de violons délicats).

Un paysage menaçant (" 5 Years ") nous rappelle que nous voyageons en territoire sauvage, tout en secousses cataclysmiques. Il n'y a pas de répit, et à tout moment le sol manque de s'ouvrir pour nous engloutir. Puis, une oasis apparaît devant nous, traversée d'arpèges apaisants…

C'est " Immature " et des paroles d'une force étonnante : " Comment ai-je pu être si immature de penser que tu pourrais remplacer tous les éléments qui me manquaient ? ".

Je ne saurais trop vous conseiller un autre itinéraire que le " Alarme call " de cet album. Non qu'il n'y ait rien à voir, loin de là…. Mais le remix qu'en a fait Beck (c'est bizarre comme les grands esprits se retrouvent) nous emmène sur des voies de traverse étranges et dépaysantes, tels que des guitares hispanisantes…

" Pluto " nous ramène en territoire mouvants. Plutôt sable mouvants dont le sol semble constamment disparaître sous nos pieds. Bjork a bien retenu la leçon de la techno. C'est finalement la fin du voyage que nous annonce " All is full of love " grâce à ses harmonies délicates et ses cœurs vaporeux… Pourtant, connaissant Bjork, on se doute qu'elle est déjà repartie vers de nouveaux territoires encore plus aventureux.

Ses compositions n'ont jamais été aussi belles tandis que sa maîtrise aussi bien des instruments classiques (magnifiques orchestrations de violons) que de la musique électronique (mélange de drum and bass et de rythmes technoide bâtards)…. Définitivement son meilleur album et la marque d'une grande chanteuse. A quand le prochain ?

A écouter :

• Depuis, la belle a fait paraître de nombreux albums dont le fantastique Medulla : plutôt difficile d'accès, cet album entièrement centré sur la voix se révèle rapidement totalement envoutant.
• Emiliana Torrini : elle s'inscrit dans la lignée de Bjork tout en étant plus " commerciale ". Attention toutefois à ne pas négliger son talent de compositrice sous prétexte que ses chansons sont particulièrement bien calibrées…