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La Discothèque Idéale | ||
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" Catch A Fire " : l’album
mythique qui était sensé révélé le talent d’un jeune groupe d’un
genre encore en devenir au monde occidental émerveillé. Il s’agit là
en effet du disque des Wailers alors constitué de Peter Tosh, de Bunny
Wailers et d’un jeune chanteur dont on allait entendre parler : Bob
Marley. Impossible pourtant de ne pas parler aussi du bonhomme qui a contribué, peut-être autant que la figure tutélaire du Reggae, à diffuser ce genre de part le monde, j’ai nommé le prosélyte Chris Blackwell. Ce fondateur de la futur multinationale compagnie de disques Island fut celui qui repéra le premier le talent du jeune et fougueux chanteur. Convaincu du carton qu’allait faire le groupe, il les poussa à réorchestrer leurs premiers enregistrements en remixant le tout et en incluant des solos de guitares, plus propres selon lui à faire craquer le public mondial (rappelons que nous sommes alors en 1973, encore sous le choc de la mort de Jimi Hendrix). Voici donc la cause de la ressortie de ce disque sous la forme d’un double album, le premier CD restituant le mixage original sorti en Jamaïque, le second étant constitué du CD que nous connaissons, avec un son " nettoyé ". La raison du refus de Chris Blackwell se comprend fort bien à l’écoute de cet enregistrement inédit que sont les sessions jamaïcaines. L’album apparaît étrangement calme et mystique, traversé par des voix superbes dont les harmonies rappellent aussi bien la soul américaine des années 60 ou le gospel traditionnel (deux des influences ‘classiques’ du reggae ou plutôt de son ancêtre, le rock-steady). Le mixage original fait, dans la grande tradition jamaïcaine, une grande place à la rythmique (basse, guitare et orgue) et à l’espace. L’exception qu’avait alors constitué ce disque à mi chemin entre Zion et Babylon s’estompe et retrouve sa place logique dans la discographie du Reggae " classique ". De nombreuses perles se dégagent comme ce " High Tide Or Low Tide " : une magnifique ballade quasiment inconnue, classique des talents du compositeur proprement fantastique que fut Bob Marley ; la version originale de " Concrete Jungle " paraît encore plus puissante avec son accompagnement discret de guitare acoustique ; " Stir It Up " fait la part belle aux harmonies vocales ; le chant de Bob sur " Midnight Ravers " semble encore plus possédé sur une des chansons les plus mystiques qu’il ait écrite, de même que sur le superbe " Slave Driver " ; l’inédit " All Day All Night " fait bonne figure en comparaison de tous ces classiques ; enfin le fabuleux " No More Trouble " semble hésiter sur la voie d’un dub en germe et d’un gospel hypnotique. Pour ceux ne connaissant pas l’album, on signalera qu’il contient aussi quelques textes virulents sur l’esclavage (" 400 Years ", " Slave Driver ") et sur les ghettos Jamaïcains (" Concrete Jungle ") ainsi qu’un classique du chanteur " Stir It Up ". Si ce disque n’est pas à conseiller à ceux qui ne connaissent pas l’œuvre de la mythique figure du Reggae (pour ceux là, voir plus bas), c’est un achat indispensable aux passionnés qui découvriront le vrai visage de chansons qu’il connaissent par cœur.
Bob Marley, "Catch A Fire", 2001, Island. |
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