BOB DYLAN : "Love And Theft"

Les plus jeunes connaissaient ses exploits suite à un " Time Out Of Mind " miraculeux et salvateur et le considéraient comme un vieux toqué dont les paroles souvent incompréhensibles les charmaient de façon inexplicable.

Mais les plus vieux, sortant du saloon, savaient à quoi s’en tenir : ils avaient connu les révolutions successives qu’avaient entraîné la trilogie magnifique de la période électrique du vieux Bob. Mais ils conservaient toujours au coin de leur mémoire les désastres de la fin des années 70’s, mais aussi le revirement préchi-précha-catho, mais aussi les concerts massacrés (toutes époques confondus). Inutile de dire qu’ils furent les plus méfiants, s’attendant à voir débarquer la vieille silhouette, le verbe cassant et méprisant du fantôme mythique.

C’est alors que royal et joyeux (joyeux ! ! !), débarqua l’homme, une fine moustache d’hidalgo accrochée aux lèvres. Et il entama une à une les chansons de son dernier album, entre un " Summer Days " rétro-rock, des ballades old style " Bye And Bye " ou " Floater ", un hommage bluesy au légendaire Charley Patton " High Water ", ou quelques solides blues-rocks " Lonesome Days Blues " et " Summer Days ".

Forcément, l’homme était bien accompagné (Charlie Sexton et Larry Campbell) mais cela n’expliquait rien : Bob Dylan était tout simplement de retour et les vieux devaient s’incliner devant le fait.

Acceptant leur défaite, ils retournèrent, le sourire aux lèvres, se poser au comptoir du saloon, et offrirent chacun une tournée en l’honneur du bon tour qu’on leur avait joué.

Cet album est-il, comme le soutient le vieux Bob " Un Greatest Hits sans les hits " ? Tout de même pas mais on l’accueillera tout de même avec une joie non feinte et un plaisir non dissimulé, pour peu qu’on aime un tant soit peu l’artiste.