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HAWKSLEY WORKMAN : "For Him And The Girls"

 
 L’examen attentif de la pochette d’un disque révèle souvent d’infimes indices sur leur auteur ou sur le disque (même si elle peut parfois induire en erreur comme l’a montré récemment celle du Sporto Kantes).

Or que voit-on ici ? Un jeune homme à l’aspect réservé, presque timide se cache derrière un complet velours une mine mi-amusé (voire canaille), mi-sérieuse, le tout nimbé d’un brouillard apparemment retouché sous Photoshop.

Comme sa musique, Hawksley Workman paraît à la fois déjà convaincu de son talent mais pas encore sur de ses effets, et si sa patte peut parfois paraître un peu impersonnelle (trop de références ?), elle recèle déjà de forts potentiels.

Comme les grands timides, Hawksley attaque fort dés l’intro de " Maniacs " – quitte à choquer -, comme pour poser ses marques avec un refrain en improbable yodle ( ! ! ? ?), tout en batterie roulante.

De nombreuses chansons accrocheuses dont on prendra plaisir à reprendre les refrains parsèment l’album : le sautillant " Bullets " ; " No Sissies " frétillant, rappelant les premiers disques de Joe Jackson, entre l’early rock et le punk ; " Sad House Daddy " et son piano de bastringue et son refrain entraînant " We’re All Good People Down Here ".

Mais le véritable talent de l’artiste se dévoile sur des titres comme

ce mystique " Sweet Hallelujah " qui lorgne du coté de Leonard Cohen avec une voix qui n’hésite pas à s’exposer. On en ressort tremblant.

Ou avec cette chronique de la dèche " Don’t Be Crushed " et son refrain qui relève la tête " Don’t Act Broken, even if you’re Broken ".

Deux belles ballades " Safe And Sound " et " Baby This Night " nous rappellent un peu le Bono crooner des grands jours.

Un superbe " Paper Shoes " que l’on jugerait sorti de " Hunky Dory " voit Hawksley, se livrer à une superbe imitation de Bowie – l’esprit et la lettre – grâce à une guitare très Mick Ronsienne et des paroles totalement dans l’esprit du Thin White Duke : " I Should Have Been A Girl / With The Way I Can Dance / My Moves Are Amazing ".

Les deux dernières chansons de l’album (" No More Named Johnny " et " Beutiful And Natural "), encore plus mal foutues et bizarres que le reste nous émouvant d’autant plus que l’on sent que Hawksley s’y livre plus, délivrant un chant torturé et inspiré autour de mélodies malaxées dans tous les sens.

On peut parier sur le devenir de ce garçon qui livre ainsi un premier fort prometteur avec des compositions plutôt maîtrisées – parfois roublardes -, le tout enrobé par des arrangements judicieux et une voix qui s’envole parfois de façon troublante.

" For Him And The Girls " réussit à convaincre malgré son aspect fourre-tout et dispersé, à l’image de son autour. Comme lui, c’est nimbé de brouillard (pour vaincre sa timidité ?) qu’il nous convaincra et plus particulièrement grâce aux nombreux sombres recoins qu’il recèle…

A écouter :
  • Badly Drawn Boy : Son album avait réussi à nous émouvoir avec ses chansons bricolo qui partaient elles aussi dans toutes les directions.

Hawksley Workman, "For Him And The Girls", 2001, Ba Da Bing!

 

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