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Le genre catégorisé un peu trop vite world music
(mais tellement plus pratique pour les pauvres chroniqueurs souvent à
court de nouvelles cases dans lesquelles faire rentrer les artistes comme
moi ;-)) nous a depuis quelques années réservé de nombreuses
surprises en tous genres, nous permettant d’accéder à des musiques peu
connues du grand public. Inutile de revenir sur les grandes vagues de fond que constituent la découverte de la musique africaine (tellement vaste), la musique arabe et le rai en particulier, la musique cubaine et son dérivé le plus populaire à savoir le son par le biais du archi célèbre " Buena Vista Social Club " ou encore la musique brésilienne qui revient en force grâce à des descendants assez aventureux comme Lenine (ne riez pas, l'album est excellent !), Amon Tobin, Arto Lindsay ou encore le récent album de Zuco 103. Dans ce fourre tout souvent très orienté marketing… A propos, que dire des commerciaux qui planchent toute l’année pour nous trouver le nouveau tube exotique de l’été si ce n’est qu’ils doivent être châtiés comme faire se doit : à savoir être recouvert de miel, puis enterré vivant jusqu’au cou avant d’être exposé en plein soleil en attendant que les fourmis rouges les dévorent…. Dans ce fourre tout, disais-je, on apprécia régulièrement les mélanges proposés par des esprits curieux, à mille lieux de ses préoccupations bassement pécuniaires… Le guitariste français d’origine vietnamienne Nguyên Lê nous a ainsi récemment entraîné sur des terres assez originales. Ce musicien provenant des horizons pourtant pas toujours recommandable du jazz-rock nous a récemment gratifié d’un superbe album reprenant des chants traditionnels vietnamiens " Tales From Vitenam ". Il récidive cette année en écrivant et en produisant l’album de la chanteuse Huong Thanh : " Moon And Wind ". La musique vietnamienne, pour les néophytes comme moi, se révèlent d’une grande finesse et surtout terriblement exotique. Il est impossible à l’écoute de cet album de ne pas se laisser bercer par ces flûtes et ces luths qui vous emportent immanquablement vers des horizons lointains et des rizières embrumées. Le chant traditionnel vietnamien peut surprendre au premier abord puisqu’il est, comme souvent dans les chants orientaux, basé sur des gammes peu usités dans nos contrées. Le quart de ton constitue ainsi régulièrement le passage obligé de la mélodie ce qui oblige à apporter une oreille soutenue aux circonvolutions de la chanteuse et des instruments. Car si Huong Thanh doit être louée (son père était d’ailleurs un des chanteurs les plus renommés du Cai Luong, célèbre opéra vietnamien), la guitare de Nguyên Lê ne peut être passée sous silence. Ce musicien exceptionnel qui joue sur cet album aussi bien de la guitare acoustique, de la basse fretless (sans frettes), se révèle sous son véritable jour à la guitare électrique. Instrument de ses premières amours (le jazz rock), il s’y révèle d’une prodigieuse subtilité, révélant sa maîtrise du vibrato à main. Malgré l’accompagnement d’instruments traditionnels, il ne dépare aucunement et enrichit au contraire ces morceaux d’une touche de subtile modernité, tout en essayant de faire sonner sa guitare comme du dan bau, un instrument vietnamien. Pour tous les amateurs de dépaysement ou pour ceux qui aiment découvrir de nouvelles musiques, je ne saurais trop recommander ce très beau disque qui accompagne maintenant mes nuits pleines de rêves orientaux.
Huong Thanh, "Moon And Wind", 2000, ACT Music. | |