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Jude : "King Of Yesterday"

 
 
 Jude fut un des premiers artistes que j’ai eu l’honneur de critiquer pour ce site et je dois reconnaître que son premier album constitue encore un de mes albums préférés. L’avoir vu deux fois en concert dans des petites salles m’a conforté dans l’idée qu’il s’agissait là d’un artiste à suivre.

L’homme est ambitieux et résolu et, suite à ce premier album qui reçut un bon succès critique (au moins en Europe), il entreprit donc de réaliser un opéra-rock ( !!!!!) qu’il soumit à sa maison de disque. Maison de disque qui, bien entendu, le refusa et lui demanda de revoir sa copie. Jude, furieux de se voir refuser un libre choix artistique et obligé par contrat de livrer un nouvel album, réunit ses musiciens en studio et voici que " King Of Yesterday " apparut sur nos bacs…

J’aimerais bien vous dire que l’artiste a su dépasser les contraintes de sa maison de disque pour livrer l’album pop ultime dont je sais qu’il est capable… Malheureusement, comme parfois, la pochette parle d’elle-même (cf Hawsley Workman)…

Ce disque est bien celui d’un artiste lié à sa maison de disque et qui est obligé de se travestir, de se grimer, sans pouvoir se livrer comme il le souhaiterait…

Pas que l’album soit honteux. Non, loin de là. Mais disons que la majorité des chansons de l’album paraissent un peu artificielles ou prématurées, comme si elles étaient sorties de leur cocon trop tôt.

Artificielles comme cette reprise de " Everything I Own " qu’on a déjà vu mieux interprétée ou prématurée comme " Red Room " ou " I Will Not Not Die ", frustrant…

On ne parlera pas afin d’être charitable des reprises des anciens morceaux (" I Do " ou " Brad & Suzi ") qui n’arrivent pas à la cheville des originaux.

Les perles sont parfois cachées dans des écrins bien étranges et on écoutera avec plaisir " Everything’s Alright " beatlesien pour les guitares et très " Got To Get You Into My Life " pour les arrangements de cuivre ; " King Of Yesterday " avec un mur du son de guitares saturées comme c’est rare chez Jude et un refrain qui tient bien ; ou un accrocheur mais un peu trop facile " Not So Pretty Princess ", bon single ; et l’énigmatique " Indian Lover ", un classique lors des concerts, fertile terrain d’improvisation jazzy pour le guitariste.

Ce disque ne montre qu’à moitié les incroyables qualités du bonhomme aussi bien pour le chant (une voix incroyable de plusieurs octaves qu’il réussit à mettre en valeur grâce à des arrangements somptueux où il s’accompagne lui-même en faisant les coeurs) mais surtout pour sa fantastique capacité à vous sortir la pop song parfaite qui va vous faire craquer.

En somme, on ne saurait conseiller l’album qu’aux indécrottables fans (comme moi !), les infortunés n’ayant pas encore été touchés par la ‘grâce’ (il y a d’ailleurs certaines similitudes avec le grand Jeff Buckley) sont priés de se référer au sublimissime " No One Is Really Beautiful ".

A écouter :

  • No One Is Really Beautiful : Son premier album (en oubliant un inconnu " 430 N. Harper Ave. " publié sur un petit label), une sorte de classique. A écouter impérativement !

Jude, "King Of Yesterday", 2001, Warner Music.

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