| Critique envoyée par mail par
l'une de nos lectrices : Zabou ! Que faire dans la vie quand on a un papa musicien
exceptionnel, compositeur plein de sensibilité , une tantine qui fait pareil, un meilleur ami de papa qui fait pareil, des tas d'amis de papa
qui font pareil, et que tout ça se passe au Brésil? On fait pareil... Ah oui mais attention. Le Brésil ce n'est pas comme
l'Italie où tout le monde chante avec une voix éraillée, et finit par faire un carton en France.
Non. Au Brésil il faut encore
avoir du talent, et Dieu sait que j'aime pourtant beaucoup les italiens pour des raisons pas forcement musicales. Alors dans la famille Veloso je demande le père. J'ai, j'ai ...c'est
Caetano. Je demande la tata...c'est Maria Betania. Je demande le pote de toujours. Et hop, v'là Gilberto Gil. Et les copains :
Gal Gosta, Chico Buarque etc...Tout ces noms ont fait la musique brésilienne telle qu'elle nous fait rêver : les plages,
le soleil, la chaleur...humaine(ben tiens, le Brésil je dis!). Et tout est parti de celui qu'ils considèrent comme leur maître
:Antonio Carlos Jobim "inventeur" de la bossa nova. Retrouvons notre jeune héritier,
il s'appelle Moreno. Oui quand on est né
en 1972 on est jeune! Rappelons que son père et sa tante ont marqué le milieu artistique notamment par des voix hors du
commun, comparées à "des feuilles mortes qui craquent".Ca s'appelle une métaphore et il faut aimer l'automne,
mais on comprend... Pour ne pas trop nous surprendre Moreno commence son tout nouvel album
"Music typewriter" par 4 titres dans la plus pure tradition comme on dit dans ces cas là. Et il a raison.
Parce Qu'à
la 1ère écoute on se dit que c'est marrant de débuter avec une chanteuse dont on ne trouve même pas le nom. Il n'y a pas de
chanteuse. Cette jolie voix douce et bizarre c'est celle de Moreno , donc finalement pas si surprenante que ça, et il chante
parfaitement ce petit hymne à l'amour, ces impressions "until it's in the heart", je cite. Sa
voix, et à
peine un piano, et pourtant c'est si riche. Le second titre est un petit bijoux. Toujours dans les flèches de
Cupidon, on se prend à rêver d'être celle pour qui il chante, celle dont la présence le transporte, mais, encore raté, c'est
point moi. Ici aussi on ne peut pas dire que les effets instrumentaux soient exceptionnels, ce qui ajoute en pureté justement.
Parce que j'ai l'impression que moins il y en a, mieux on les entend (ah cette oreille, hein Joe
!) et mieux on peut juger
de leur qualité. Enfin je crois. Je n'avais pas reconnu l'instrument à la toute fin de ce morceau et pour cause...Toy
(jouet)piano, fallait penser à le mettre celui-là, comme ça... Quelle poésie! Les 2 suivantes sont de style similaire. Ce gars là est amoureux. Ou bien
il voudrait bien l'être et possède une façon d'en parler qui me fait fondre. Et puis encore et toujours ce dépouillement
musical. Moreno, sa guitare, accessoirement une basse. Ca suffit. Je passe à 3 autres titres : le très beau "I'm wishing"(voilà
ce qu'elle me dira quand on se retrouvera) ,une reprise de ma référence à moi (l'excellent Djavan),"Esfinge", et le rythmé
"So vendo que beleza", je crois le plus représentatif, pour cet
album, de la bossa nova dans tout ce qu'elle a de compliqué.(le celèbre
"Aguas de Março" de A.C.Jobim est repris dans le monde entier mais très rarement chanté sans erreur par les meilleurs...) On disait quoi là? Bossa nova, poésie, qualité, voix , piano. Et au
milieu, alors? Faut aimer...c'est plus de la samba, ou de la bossa excitée. Allez! On
s'agite, on se lève on danse. Les instruments s'en ressentent: la guitare devient électrique, il y a systématiquement des
drums, un synthé vient carrément prendre place, un tambourin, bref les percu se
déchaînent, c'est limite techno, et j'exagère
à peine. Plus les choristes, garçons et filles qui viennent pousser la chansonnette. Ca aussi c'est le Brésil, on peut y être
moins sensible. N'empêche, Moreno dédit ce CD entre autre à son père, qui en a profité
pour faire un ou 2 solos de guitare (sèche), et Daniel Jobim, petit fils de qui vous savez si vous avez lu plus
haut, pianote ici ou là et nous fait entendre sa voix (tiens ,tiens, là aussi il y a de l'hérédité). Alors oui, ce CD est une approche toute en finesse de ce qu'on fait de
bien au Brésil, doublée d'une tendance rock pas trop nulle. Découverte sympa, Moreno Veloso ne s'arrêtera pas
là. Enfin
j'aimerais bien que non. Zabou A
écouter :
- Lenine : Na Pressao: un bel album d'un autre des membres de
cette prometteuse nouvelle vague brésilienne.
Moreno Veloso,
"Music Typewriter", 2001, Annibal. |
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