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Jeb Loy Nichols : "Just What Time It Is"

 
 Je me souviens d’une époque pas si lointaine où les chanteurs mélangeant différents styles de musique étaient toujours considérés de façon bizarre, perplexe. Manque d’intérêt qui reflétait d’ailleurs les goûts musicaux aseptisés de l’époque.

Si ces artistes ont toujours autant de mal à trouver une place dans les bacs des marchands de disques (Beck, je le met à Low-Fi, Country, Funk Rock ou indépendant ? Réponse : fout le en tête de gondole !), ils semblent maintenant trouver plus facilement un public.

Jeb Loy Nichols appartient à cette race d’expérimentateurs qui n’aiment rien tant que de préparer des plats surprenants, mélangeant des épices venues d’ailleurs aux roboratifs plats du terroir.

Lui, sa spécialité, c’est de prendre une forte dose de soul music, un soupçon de reggae et de mélanger le tout avec de solides influences de ballades américaines pur jus.

Les compositions convainquent toujours par la qualité de leur mélodie et le tout fonctionne parfaitement. Un peu trop à mon goût car j’aurais apprécié plus de surprises, une fois la formule installée. Mais, là, je pinaille sur des détails, sur une sauce trop épaisse et une épice qui cache un peu le reste des parfums.

C’est la voix du bonhomme qui surprend le plus et le voir en photo au dos de la pochette m’a causé un choc. Son timbre, doux et suave, tient de façon incontestable des meilleures voix soul, toute en subtilité et délicatesse avec un rien de rauque. Son physique, déplorable et décevant, le dévoile en un blanc bec brun et rondouillard, habillé comme n’importe quel Red Neck du cul du loup des USA (euphémisme ?). Quel terrible faute de goût alors qu’on l’imaginait noir et fier, tiré à quatre épingles dans un smoking blanc. Je n’ai réussi à apaiser mon esprit qu’en refermant la pochette et en fermant les yeux.

C’est donc un sosie de Marvin Gaye habillé d’un costume noir et d’une chemise blanche qui me chanta ses plus belles chansons comme le " Heaven Right Here ", le hit cool de l’album qui va le faire sur les ondes de FIP, la ballade " Perfect Stranger " où sa voix de crooner fait merveille, le triste " Room 522 ", " Midnight (All Night Long) " le second hit qui va le faire sur FIP ou le soyeux " Sadly Sometimes ".

Un bel album de soul métissé auquel on pourra tout juste reprocher une certaine uniformité. En tout cas, c’est le genre de disque qui vous aidera à faire passer l’hiver plus vite en pensant à ce que vous ferez quand l’herbe poussera plus verte et quand les jupes des filles pousseront plus courtes. Vous n’aurez qu’à chanter de la soul…

A écouter :

Jeb Loy Nichols, "Just What Time It Is", 2000, Rough Trade Records.

 

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