La Discothèque Idéale

Retour

Tanger : "Le Détroit"

Tanger est incontestablement un très grand groupe français.

Et cet album nous emballe franchement malgré des lacunes trop visibles.

A son crédit : un groupe incroyablement soudé, très aventureux et curieux de nouvelles sonorités comme le prouve leurs recherches du coté de l’Afrique du Nord.

Les arrangements sont toujours superbes, et particulièrement recherchés.

" Ouverture " : superbe introduction qui contient à elle seule l’ensemble du disque à savoir des violons, une batterie ‘tribale’, une guitare dérangée, une basse imparable et surtout un lyrisme musical fort bienvenu. Peut-être un des meilleurs morceaux de l’album par sa promesse malheureusement non entièrement tenue.

La voix du chanteur s’impose d’elle-même sur la chanson suivante " Le Détroit " tandis que le groupe évolue dans des eaux dangereuses et inattendues.

" Oui Peut-être " se révèle être un single assez étonnant grâce à ses paroles déstructurées et sa structure fluctuante entre le big band et ses superbes solos de guitares. Incroyable chanson qui part dans tous les sens.

" Danse " surprend par son rythme syncopé et ses superbes violons orientaux.

L’influence africaine se trahit dans le " Petit Socco " qu rappelle le Gainsbourg perdu dans les brousses africaines de " Transit à Marilou ". " Paris, 1999 " se révèle une longue déclamation, perdue dans des divagations et des parcours solitaires, aux arrangements étranges et complexes. " Je suis seul à Paris, à l’arrière d’un taxi, sur les quais dans la nuit, entre Orsay et Bercy "….

La relecture du " So Long, Marianne " de Léonard Cohen est assez audacieuse, encerclée entre une guitare rêveuse et une rythmique lancinante et africaine. S’éloignant largement de l’original, Tanger crée une sorte de transe , permettant à notre cerveau de s’imprégner des paroles.

" Merry-go-sound " est une très belle chanson, surprenante de fraîcheur sous forme de valse. " Tanjah Vibes ", un exercice hypnotique, mélange de house, de dub, et de musique ethnique.

Le retour sur terre est rude avec " L’Internationale Hallucinex ", tout en guitares et rythmique hallucinée.

Tanger se révèle capable de créer des ambiances uniques comme sur ce " A Travers Soie ", en rêverie soyeuse jusqu’au discret et minimaliste final guitaristique, et ce, malgré des paroles un peu énervantes. " Eva " se révèle aussi obsédant avec cette fois des paroles assez belles .

Et il est vraiment dommage que le final " Aux Lumières de Six Heures " semble autant raté.

On reprochera à cet album une certaine longueur (surtout sur la seconde moitié), le groupe s’étant révélé incapable d’écarter certaines chansons au profit d’autres, plus pertinentes. Et si les paroles se révèle parfois superbes, leur coté ‘lyrique’ peut énerver à juste titre…

Et s’il est vrai que l’écoute de l’album en entier d’une seule traite peut laisser un goût d’inachevé, la haute tenu de du groupe et des orchestrations incite à toutes les indulgences.

Ce disque est une expérience unique et fascinante dans le paysage musical français et doit rien que pour cela être encouragé.

Tanger, qui n’a pas encore donné le meilleur de ce qu’il peut faire sur disque, ne ressemble à rien de connu et c’est tant mieux.

A écouter :

  • Noir Désir : Pour le coté lyrique des paroles et un peu l'esprit hors normes. 
  • Gainsbourg : Certains arrangements audacieux rappellent le grand Serge. Il s’agit aussi probablement d’une influence en ce qui concerne les paroles.

Tanger, "Le Détroit", 2000, Mercury.

Haut