TRICKY : "Blowback" | |
La double malédiction de Tricky fut d’avoir un
temps appartenu au groupe le plus hype de son époque à savoir Massive
Attack et d’avoir sorti avec son premier album solo (le
classique " Maxinquaye ") un disque indépassable. Doté, de plus, d’un caractère de chien, plus propice aux fracassages de tronche dans le mur qu’aux bisous dans le coup avec les journalistes et toujours plus à l’aise lorsqu’il sort des albums d’une musique franchement paranoaique et totalement inécoutable (y a match avec le Metal Machine Music de Lou Reed) que lors de ses tentatives vaguement (la notion de vague est importante chez lui) mainstream (cf le dernier et décent Juxtapose), l’homme se révèle donc infréquentable et aussi aimable qu’une huître (j’en ai connu des charmantes, remarquez…). Quelle surprise donc de poser sur sa platine le nouvel opus de l’homme, j’ai nommé le récent " Blow Back ". Si les climats se révèlent toujours aussi pesants et malsains qu’à l’accoutumé, les mélodies se révèlent tout à fait lisibles et mémorisables. Bonne impression renforcée par la présente de nombreuses voix familières comme celles de (accrochez vous !) Alanis Morissette, Cindy Lauper, Ed Kowalczyk de Live ou encore les Red Hot Chilli Peppers … Parmi les autres surprises, une reprise rock de Wonder Woman, une reprise étonnante du " Something In The Way " de Nirvana. En étant imaginatif, on entendra même une vielle chanson d’Eurythmics passée au ralenti… Tricky atteint ici une sorte d’équilibre précaire et inédit qui lui permet d’être au confluent de la musique grand public tout en conservant cette ‘touch of class’ qui lui permet d’utiliser l’ensemble des genres musicaux à sa disposition (et ils sont nombreux et parfois ardus) comme une sorte de creuset, de les diluer et d’en restituer la synthèse. Un des plus grands alchimistes actuels de la musique ? A écouter :
Tricky, "Blowback", 2001, Anti. | |