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JIMI HENDRIXJIMI HENDRIX : Discographie Discographie

  
 

Il ne parait pas utile de présenter Jimi Hendrix. Pourquoi rappeller ce que tout le monde sait à savoir qu’il a révolutionné l’usage de la guitare électrique, influençant l’ensemble des guitaristes de tous styles confondus, qu’il a été un choc pour Eric Clapton (qui a changé sa coiffure pour lui ressembler), Jeff Beck (qui a abandonné la guitare pendant un an suite à sa découverte) ou Yvette Horner (oups… Pardon.).

 Inutile de dire que s’il a généralisé dans le langage guitaristique l’usage de la Whammy Bar (le vibrato), la Wah-Wah (la pédale qui fait ouah… Je vois pas comment la décrire autrement !) voire le jeu dans le dos ou avec les dents. Les puristes me signaleront que le vibrato, le jeu dans le dos ou avec les dents ont été utilisés les premiers par les guitaristes de Blues ou que la paternité de l’usage de la wah-wah est revendiquée par Frank Zappa. Et ils auront raison. Toutefois, c’est Jimi qui le premier a su les inclure dans un show et dans une musique complètement révolutionnaire et les imprimer de sa marque personnelle au point que l’on pense que c’est lui qui les a inventé. C’est bien ça la marque du génie !

 Toutefois, ce n’est pas là son apport le plus important à la musique même s’il s’agit du plus visible. Hendrix était en effet un compositeur des plus novateurs et des plus intéressants, réussissant à mixer ses influences (le blues et la soul des 60’s) pour en faire un mélange détonnant, qui va influencer l’ensemble de la production musicale des années suivantes.  

Les albums suivants constituent la quintessence des Hendrix parus de son vivant. Il faut noter l’influence qu’aura son orchestre sur sa musique, l’Experience étant en effet un groupe fantastique constitué d’un batteur et d’un bassiste fantastique. Les disques suivants feront l’objet d’une critique postérieure, ne s’inscrivant pas dans la même période.

 Enfin, je vous demanderais votre indulgence en ce qui concerne ces critiques : Hendrix est un de mes artistes préférés et j’ai beaucoup de mal à réussir à transcrire les incroyables émotions qui me viennent quand j’écoute sa musique.

Are You Experienced ?Jimi Hendrix, " Are You Experienced ? ", 1967, Polygram.

Le choc ultime de l’époque. Tout, que ce soit sur le plan de la composition, de la production, des sons, du jeu de guitare ou des chansons était complètement révolutionnaire sur ce disque. 

Ceci dit, que reste-t-il de cet album plus de 30 ans après ?

 Sur cette réédition, on dispose des singles sortis séparément qui nous permettent d’apprécier la version maintenant rentrée dans les annales de « Hey Joe » et son solo très sobre. Dans la catégorie ‘grand classique’, on peut citer « Purple Haze » et son riff implacable, copié par des générations de guitaristes et sa rythmique funky, inédit pour l’époque. A noté aussi le célèbre « Foxy Lady » et sa rythmique de plomb. Enfin, « Fire » fait lui aussi partie des grands classiques avec son riff en octaves et sa batterie déstructurée.

 Un des sommets de l’œuvre de Jimi se trouve ici, sous le nom de « The Wind Cries Cries Mary ». Des paroles superbes, très lyriques et une mélodie imparable. Son solo est lui aussi un summum du genre (mais il s’agit d’une chose que l’on va répéter souvent au cours de cette critique).

 « Manic Depression » marquera fortement les esprits pour son rythme instable, complètement hors des standards de l’époque. Une chanson hypnotique. S’ensuit « Red House », LE blues d’Hendrix. Peut-être le morceau qu’il aura le plus joué lors de ces concerts et qui l’accompagnera tout au long de sa carrière, l’accommodant aux différentes sauces de ses différents groupes, le renouvelant à chaque fois (on recommandera en particulier la version du « Live at the Winterland »). Cette version est d’ailleurs la première mais probablement la moins intéressante.

 « Love Or Confusion » est une des premières chansons véritablement hors normes d’Hendrix. On notera la présence continue d’une guitare en feedback accompagnée par une rythmique de fusion. Une impression de chaos maîtrisé se dégage de l’ensemble, ne ressemblant à rien de connu. 

« Third Stone From The Sun » constitue la véritable révélation de l’album avec sa rythmique étrange et mystique et son riff superbe (repris plus tard par Stevie Ray Vaughan). Il y a véritablement quelque chose d’étrange qui se passe lors de l’écoute de ce morceau que je vous laisse découvrir par vous même (écoutez les extraits en cliquant sur les liens Amazon à droite !). Les parties de guitares sont somptueuses et les arrangements étranges (bande à l’envers, bruitages, batterie jazzy…).

 Enfin, « Are You Experienced », le morceau manifeste, ode aux expériences de conscience altérée (comme les morceaux « Love Or Confusion », « Third Stone Or Confusion »). Une des premières rythmiques crées à partir de guitares passées à l’envers. Le solo est entièrement passé à l’envers (une performance guitaristique pour l’époque).

 Au final, un disque phare mais qui pèche par certains morceaux inutiles (« Remeber », 51st Anniversary »).  So, are you experienced ? Not Necessary Stone, But Beautiful…

Axis : Bold As LoveJimi Hendrix, " Axis : Bold As Love ", 1967, Polygram.

Un album qui fut peu aimé à l’époque car paraissant moins révolutionnaire que le précèdent. Il est pourtant beaucoup plus cohérent que « Are You Experienced ? », les chansons plus abouties et les expérimentations encore plus poussées.

 Pour preuve, la fausse interview de « EXP » qui se termine en orgie sonore en full stereo. L’introduction du jazz avec « Up From The Skies » nous révèle une nouvelle face de Jimi ainsi qu’une superbe chanson, première utilisation enregistrée de la wah-wah. « Spanish Castle Magic » au contraire se situe dans la droite ligne du précédent album et constituera un morceau de choix lors des concerts.

 Les influences soul, prépondérantes chez Hendrix, ressurgissent avec « Wait Until Tomorrow », dans lequel Mitch Mitchell fait merveille. Ou avec « Little Wing », le morceau ultime de Jimi. Il s’agit d’un hommage à sa mère indienne ainsi qu’à Curtis Mayfield. Un sommet insurmontable dont il est impossible de retranscrire la magie (écoutez les extraits en cliquant sur les liens Amazon à droite !). Je n’en dirais pas plus.

 La poésie étrange d’Hendrix est bien illustrée par « If 6 Was 9 » dont les paroles, totalement ésotériques accompagnent une musique étrange, mélange de Blues et de psychédélisme. Un des hymnes des hippies, que l’on retrouve dans la B.O. de « Easy Rider ».  S’ensuit un brûlot. Une rythmique incroyable, summum du funk : « You Got Me Floatin’ » avec un grand solo joué à l’envers. Il ne faut pas passer sous silence le superbe « Castles Made Of Sand » illustrant les superbes paroles de Jimi, décrivant le théâtre des vanités et de l’éphémère. « One Rainy Wish » : à nouveau de superbes paroles et surtout une grande mélodie nous accompagne. ‘It’s Only a Dream’. 

Impossible de ne pas mentionner pour terminer l’ultime morceau de l’album, équivalent d’un “Stairway To Heaven” pour sa richesse. Les paroles sont à nouveau empreintes de cette incomparable poésie sibylline mais la mélodie, limpide, nous accompagne longtemps. « Bold As Love » se caractérise en particulier par son mythique double solo, entrecoupé par un break de batterie. Le dernier solo est en particulier incroyable pour son « spatial » et son motif mélodique particulièrement efficace.

Electric LadylandJimi Hendrix, " Electric Ladyland ", 1968, Polygram.

Alors là, c’est le gros morceau. L’album mythique, fondateur, insurpassable. L’équivalent du double blanc des Beatles. Celui de la consécration. Dés lors, plus rien se sera pareil. Il signe pareillement (de même que le double Blanc) la mort du groupe qui l’accompagnait jusqu’à maintenant à savoir l’Experience.

 « Have You Ever Been… » nous révèle un Hendrix, sur de lui, découvrant qu’il sait chanter, accompagnant une rythmique tout en douceur. Soit le contraire d’un « Crosstown Traffic », s’inscrivant dans la lignée des singles classiques d’Hendrix avec sa rythmique imparable. On notera l’utilisation peu usuelle chez Hendrix d’un piano. 

 L’introduction de « Voodoo Chile » reste un grand classique de Blues, accompagné par Steve Winwood à l’organ. Un grand morceau qui s’apparente à une cérémonial rituelle par sa progression orgasmique. Jimi n’a jamais été aussi Blues et aussi puissant. Indescriptible…. 15 minutes 05 de bonheur…

 « Little Miss Strange » est un morceau relativement anecdotique littéralement transfiguré par un Hendrix en très grande forme, décidé à nous montrer qu’il sait se servir aussi bien d’un bottleneck qu’une guitare style country (les solo sont à étudier dans les écoles, du slide, du picking, de la wah-wah…). « Let The Good Times Roll » restera entre autres pour son incroyable solo hyper speed, complètement Blues, relançant la machine.

 La rythmique en Wah-wah de « Burning Of The Midnidht Lamp » est une référence pour la beauté de la mélodie ainsi que pour les paroles : « The Smiling Picture Of You Is Still Hanging On My Front Wall, It Really Doesn’t Bother Too Me Much At All, It’s Just The Ever Falling Dust, That Makes It So Hard For Me To See, And I Continue To Burn The Midnight Lamp”. Joliment dit, c’est-ce pas ?

 Un grand moment de groove, avec un superbe saxophone (rare chez Jimi !) et un Steve Winwood      au meilleur de sa forme : « Rainy Day, Dream Away ». Un dialogue superbe… La Wah-wah arrive au prochain numéro.

 En attendant, le trip première classe, utilisé par de nombreuses générations pour atteindre leur Shangri-La : « 1983 » et sa suite « Moon, Turn The Tides… ». Deux morceaux de rêve, avec une guitare complètement barrée, accompagnée par une flûte pervertie et définitivement pas politically correct et une basse vicieuse, à écouter absolument…. De préférence avec un spliff allumé afin de mieux comprendre de quoi qu’on cause… ‘So My darling And I Make Love In The Sand…”. Environ 20 minutes d’un train première classe pour l’Inde ou où vous voulez… Satisfait ou remboursé, jamais trouvé mieux dans le genre… 

« Still Raining… » et le retour de la wah-wah au meilleur de sa forme… Ca requinque et ça remet en place.

 La fin est apocalyptique : que dire de « All Along The Watchtower » si ce n’est qu’il s’agit d’une reprise de Dylan et que Hendrix se fend de trois solos consécutifs, soit un solo normal, un solo en slide et enfin un solo en slide ET wah-wah (les amateurs apprécieront. Les autres apprendront qu’il s’agit d’un des exercices les plus casse-gueule qu’il existe… Tellement il est uniquement basé sur le feeling et sur le sensitif….) ? La rythmique est quant à elle devenue un classique…

 Enfin, « Voodoo Chile (Slight Return) » et sa rythmique en wah-wah, tellement pompée qu’elle est devenue langage commun. Le morceau conserve pourtant toute sa force et sa férocité (essaie de passer ça en recevant des amis et tu verras leur tête…). Le solo est incomparable et constituera régulièrement le morceau de fin des sets de Jimi…

A écouter : 

  • Jimi était un boulimique de musique, sachant recracher instantanément (et à l’oreille !) le moindre lick entendu quelques instants auparavant. Ses influences les plus notables se situent dans la soul de Curtis Mayfield (la rythmique de Little Wing entre autres) et dans le Blues (Albert King, B.B. King – avec qui il a jammé le temps d’une séance qui fait le bonheur des bootleggers – et Buddy Guy).
  •  Woodstock : un des meilleurs concerts jamais réalisés par un Hendrix malade, complètement déchiré par un mauvais retour d’acide, jouant devant à peine 10 % du public du festival, déjà en phase de retour vers leur maison et manquant le meilleur des trois jours. La fin du concert constitue un summum de son œuvre : « Woodstock Improvisation » avec son solo hispanisant et surtout « Villanova Junction Blues » et son solo complètement improvisé et incroyable de magie et de feeling (franchement, rien n’égale de pure moment de sorcellerie – écoutez l’extrait! - ).
  • Le dernier coffret qui pour receler de pures merveilles n'en reste pas moins un objet à réserver aux purs aficionados.
  • Le mythique concert au Fillmore avec le Band Of Gypsys : un Hendrix résolument funky, complètement déchaîné pour un concert exceptionnel. Certains morceaux partent résolument vers du jazz-rock complètement précurseur. « Une autre face » du Jimi… A découvrir.
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