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Moby : "Play"

 
 

Moby, pour resituer un peu, c'est un des pionniers de la techno (en particulier avec son single 'Go'). Ah bon, donc c'est un disque de techno dont tu nous cause alors ?

Euh, non. Pas exactement… Par ou je vais commencer ? Ben simplement, par le début, vous avez tous entendu des chansons de son nouvel album. Pour une pub, pour une émission de radio (Gérard Lefort sur France Inter le soir à 20h15 - c'est d'ailleurs le premier à l'avoir utilisé ! -)… Bref, Moby est Top Fashion…

Et bien comme vous avez pu le constater, c'est pas franchement de la techno hard core… Moby nous a concocté un mélange de Blues et de Techno assez étonnant. Oui, du Blues… Car, Mr Moby possède une culture musicale assez éclectique.

En effet, l'ensemble de son album est constitué de voix puisées au sein de vieux enregistrements de Blues des années 30 et 40 mélangé à des rythmes technoides soft. Et le résultat est pour le moins étonnant ! Prenons, " Find My Baby ", le deuxième titre, on a dans la même chanson un chanteur de gospel old style, une batterie digitale, des synthés house, une chanteuse et une guitare en slide. Tout cela peut paraître un peu étrange mais pourtant se marie tout à fait bien.

Globalement, le mélange des samples de vieux enregistrements Blues et de musique électronique se passe à merveille (écouter absolument " Porcelain " et " Why Does My Heart Feel So Bad ? "). D'autant que notre ami Moby en rajoute dans le style oldy puisqu'il maîtrise la guitare bluesy (voire la guitare en général… Pour preuve, allez le voir en concert où il n'hésite pas à reprendre du Hendrix - Voodoo Chile Return - ou du Led Zeppelin ! ).

Chaque morceau est en général assez bien équilibré, le piano fournissant le motif, la guitare la rythmique et les voix la mélodie… Le mélange est franchement réussi et n'a pas d'équivalent actuellement.

Etonnant, tout de même ce mix constant chez Moby. Sur " South Side ", on croirait entendre sur le refrain les Pet Shop Boys de la meilleure époque ! Avec quand même une guitare gravement péchue… A coté, on a aussi bien de l'ambiant version piano-synthé (" Rushing ") que du Chemical Brothers (un " Bodyrock " incroyablement efficace, tout en guitares wah wah).

Il ne faut surtout pas passer à coté de " Natural Blues " : mélange de percus et de gospel où vient se mélanger une superbe voix de chanteuse. Ou de " Run On ", incroyable chanson bâtie autour d'un chanteur de gospel à la Mills Brothers d'un groove imparable, agrémentée d'un lick en slide à la guitare.

On tombe aussi sur des morceaux surprenants, à la limite du Talkin' Blues, comme " If Things Were Perfect " ou sur des mélanges instrumentaux guitare sèche et piano (" Everloving ").

Pour finir, il s'agit du disque le plus étonnant de l'année 99 (et de loin !) mélangeant allégrement les styles de façon décomplexée et allègre (non, non, pas le ministre…). Le plus intéressant est qu'il nous vient d'un enfant chéri de la techno ce qui réserve aux 'Enfants du Rock' des surprises en perspective !

Complément :  

On m'a beaucoup reproché de ne pas avoir signalé l'origine de son pseudo. Alors voilà la genèse : le sieur Moby se nomme au civil "Richard Melville Hall". Moby se trouve être le descendant de Herman Melville qui a écrit entre autres, le séminal roman "Moby Dick". 
Ironiquement, on doit bien constater que le phénomène Moby enfle réellement comme une baleine suite à une diffusion de sa musique touchant même la ménagère de moins de 50 ans... J'en veux pour preuve que cette page est la plus visitée du site, juste devant les Rolling Stones, Lou Reed et autres dinosaures sacrés... 
On peut juste espérer que Richard saura échapper à l'issue funèbre de la baleine et du capitaine et, malgré l'incroyable médiatisation subie par sa musique, ne pas tomber dans le cliché et la formule auquel ses morceaux pourraient facilement se prêter. Aux dernières nouvelles, il prépare un album orienté soul, Marvin Gaye, Al Green et compagnie. Curieux d'entendre ça...

A écouter :

  • Les vieux enregistrements d'Alan Lomax qui ont servi de base aux samples de cet album. Alan a traversé les Etats Unis dans les années 40 et 50 afin d'enregistrer les derniers témoignages des chanteurs de blues d'autrefois.
  • De la techno-amiant : dans le style, je recommanderais le disque d'Orbital In Sides qui était pour moi la meilleure synthèse de l'époque. Leur dernier n'est à mon avis pas aussi recommandable…

Moby, "Play", 1999, BMG/V2.

 

 
 

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