La Discothèque Idéale
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JUDE : No One Is Really Beautiful

 
 

Bon, soyons clair, vous DEVEZ écouter cet album. Il ne vous plaira peut-être pas mais au moins j'aurais essayé et ma conscience sera tranquille. Il s'agit pour moi du plus beau disque que j'ai écouté depuis le denier Elliott Smith. Le fait que je réussisse à y retourner une fois par semaine sans me lasser est pour moi un critère d'une rare pertinence. Vous connaissez ces disques qui vous ont séduit à la première écoute et dont vous vous êtes lassé à la troisième ? Bien, celui-ci m'a un peu laissé froid au début. Faut reconnaître que je l'écoutais en toile de fond pendant mes surfs sur Internet (vous connaissez ça… Allez, éteignez votre ordinateur et écoutez le disque qui passe actuellement sur votre chaîne, je préfère encore ça, vous pourrez toujours revenir plus tard. C'est presque de la déontologie).

Je ne l'ai vraiment découvert lorsque, attendant en vain une page qui refusait obstinément de s'afficher (Internet, c'est bien mais heureusement qu'on a de la musique derrière sinon…), j'eu la révélation sur ce morceau " Prophet ". Une intro en accords de piano jazz à la Mc Coy Tyner et ensuite une guitare magique et une mélodie envoûtante. C'est alors que j'ai prêté attention à la voix. Une voix incroyable comme on en entend rarement, capable de partir d'un grave profond à un aigu flottant dans l'espace.

Ces chansons traitent de paumés et de Los Angeles, ce qui va bien ensemble. D'un mec mort alors qu'il était en cinquième année de collège (on est aux US, attention), d'amours irrémédiablement foirés mais dont on n'arrive pas à se remettre, d'une fille qui s'est suicidée parce que son copain l'a photographié dans des situations 'délicates' et a revendu les photos à un journal porno, d'une lettre d'une ex qui va se marier et qui demande au narrateur de venir à son mariage, ect… L'écriture est d'une simplicité confinant à l'universel et on ne manque pas de s'identifier totalement aux personnages des chansons.

Les mélodies quand à elles sont incroyables, parfois accompagnées d'une simple guitare sèche, parfois d'un orchestre en furie accompagnant une guitare fuzz… Parfois tout ça dans un même morceau ! On se trouve en effet face à quelqu'un qui a déjà retenu les leçons de Beck et pratique l'assemblage et le dynamitage de chansons qui se tenaient déjà debout sans l'aide de personne. Jude, comme il le dit dans une des chansons, aime 'quand la terre bouge' et le montre en se livrant parfois à des collages insensées. L'éventail des styles passe ainsi de la chanson country à des harmonies vocales dignes des Beach Boys en passant par ambiances totalement Beatles.

Un homme qui commence son album avec ce refrain " Parfois, j'appelle ma copine Maman / Juste pour me sentir à la maison " et le termine par " Je ne te regarderais pas pleurer / Adieu / Je suis un enfoiré " ne peut pas être fondamentalement mauvais.

A écouter :

  • Avant tout, à moins d'être particulièrement fan, vous pouvez faire l'impasse sur son dernier album : "King Of Yesterday" qui n'est franchement pas à la hauteur mais-c'est-pas-sa-faute. Toutes les explications après le lien...
  • Marvin Gaye (pour le chant)
  • Beck (pour le coté déstructuré de certaines chansons)
  • Beatles (pour les mélodies, une en particulier sonne franchement Beatles version trip en Inde : " She Gets the Feeling ")
  • Beach Boys (pour les harmonies vocales)

Jude, " No One is Really Beautiful", 1998, Maverick.

 

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